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Saumon Les filets de l’Adour et des gaves réunis

Aujourd’hui, partout dans le monde, la gestion des stocks de saumons atlantiques, quand ils sont de retour en eau douce, se fait selon un mode récréatif de pêche sportive à la ligne. Tous les pays riverains de l’Atlantique Nord, y compris la Russie, réservent la gestion de cette espèce aux pêcheurs à la ligne. Tous, sauf la France, ou en Aquitaine (Béarn et Pays Basque plus particulièrement), une petite quarantaine de pêcheurs professionnels (estuariens et fluviaux) s’approprient une ressource unique dans le sud de l’Europe. Alors que la pêche au filet du saumon atlantique est strictement interdite en mer, elle est autorisée, dans le goulet d’étranglement que représente l’estuaire de l’Adour, ainsi que plus en amont, en eau douce, dans ce qu’il est convenu d’appeler les “gaves réunis”.

Une quinzaine de marins-pêcheurs ”estuariens” et peut-être une vingtaine de pêcheurs professionnels fluviaux, s’approprient ainsi la majeure partie du stock de saumons (et de truites de mer) qui tentent de rejoindre leurs frayères situées en amont sur les gaves d’Oloron, de Pau, de Mauléon, d’Ossau et d’Aspe. D’après l’INRA et l’ONEMA, sur les dix dernières années la moyenne des Saumon Les filets de l’Adour et des gaves réunis captures déclarées au filet se répartissaient ainsi : 163 saumons en zone fluviale contre 1183 en estuaire. Alors que depuis le milieu des années 90, plus de 50 millions d’euros d’argent public ont été affectés à la restauration des stocks de grands salmonidés migrateurs sur ce bassin, ce sont essentiellement une quinzaine de marins pêcheurs “estuariens” qui profitent donc de cette manne. D’après leurs déclarations à la capitainerie de Bayonne, depuis une dizaine d’années, c’est entre 1000 et 1400 saumons (sans parler des truites de mer) qui sont proposés à la vente de la criée de Saint -Jean-de-Luz. En l’absence d’un contrôle efficace ou même de contrôle tout court, les associations de défense du saumon Atlantique, dénoncent des chiffres quatre ou cinq fois supérieurs. La majorité des ventes se ferait en direct, auprès des restaurateurs, des particuliers voire dans les campings de la région, sans passer par la criée. Bizarrement, alors que les déclarations des pêcheurs à la ligne pour la même période des dix dernières années, varient entre 120 et 440 captures, les déclarations de prises aux filets tournent tous les ans autour de 1250 captures. Il semblerait que ce chiffre médian, ait été suggéré aux pêcheurs professionnels par l’IFREMER et le Conseil général des Pyrénées Atlantiques pour faire acte d’une activité économiquement viable, sans pour autant impacter les retours vers les frayères, qui seraient de 2000 à 4000 poissons selon les années et les comptages de l’ONEMA. Rappelons-nous la saison 1987 sur l’axe Adour/gaves. Alors que partout en Europe les rachats de droits de pêche au filet, l’Ifremer recommanda aux pêcheurs estuariens de déclarer, sans trop les minorer pour une fois, leurs captures, afin de pouvoir montrer aux autorités gestionnaires, que cette pêche au filet était une activité économiquement rentable. Cette année là, il fut déclarée la capture d’un peu plus de 8000 saumons à la capitainerie de Bayonne. Combien en avaient-ils été pris réellement, certainement le double, peut-être plus ? Ce que l’on sait, c’est qu’en 1987, environ 400 pêcheurs à la ligne ont pris sur tout le cours du gave d’Oloron, moins de 200 saumons (94 officiellement déclarés au CSP).

2,5 % des prises pour la pêche à la ligne

Même en s’en tenant au chiffre « officiel » de déclaration des professionnels et en multipliant par deux celui des déclarations des pêcheurs sportifs, le partage de la ressource, dont les beaux discours de l’Administration et des politiques (Ministères de l’Environnement et Conseil général des Pyrénées-Atlantiques) nous rebattent les oreilles depuis une vingtaine d’années, s’établit comme suit : 97,5 % des captures pour moins de 40 professionnels et 2,5% pour 400 touristes pêcheurs cette année là. Soit si nous ramenons l’équation en nombre de saumons capturés par pêcheur : 200 saumons pour chaque pêcheur au filet contre un demi saumon par pêcheur à la ligne. Et pourtant, il ne reste qu’une dizaine de véritables marins pêcheurs dont la pêche en estuaire est réellement le métier sur l’Adour. Les autres sont des « retraités » de l’administration ou des agriculteurs (pendant la saison du saumon, le maïs ne nécessite pas une trop grande présence dans les champs) à qui la Capitainerie a concédé pour quelques centaines d’euros, un rôle de pêche. En fait les responsables de cette mise en coupe réglée de nos estuaires sont les autorités gestionnaires des ressources marines, à savoir le Ministère de la Mer, dont dépend le quartier des Affaires Maritimes de Bayonne et l’IFREMER dont les pseudo études scientifiques cautionnent la pêche en estuaire en lui inventant une rentabilité économique. Mais comme depuis de nombreuses années, les pêcheurs récréatifs, s’appuyant sur des études écossaise, canadienne, norvégienne, islandaise et même tout récemment une étude de la Fédération de pêche départementale, démontrent, retombées économiques à l’appui, qu’un saumon pris à la ligne rapporte localement entre 100 et 300 fois plus que le même vendu à la criée, voilà que depuis deux ou trois ans, le Conseil général, l’Ifremer et bien entendu les pêcheurs professionnels eux-mêmes, font valoir que leur pêche n’est pas seulement économique, mais a une valeur patrimoniale et même culturelle pour la région.

Mais ici, au delà de l’outrance et du ridicule du propos, voyons dans cette revendication des traditions régionales et de la culture, une lueur d’espoir : en fait la crainte des pêcheurs professionnels d’être prochainement, comme partout dans le monde du saumon atlantique, dédommagés, rachetés ou tout bonnement interdits d’exercer. S’ils veulent maintenir des traditions remontant à Colbert, qui accorda un privilège de pêche en estuaire aux marins de la Royale qui avaient échappé au scorbut, aux naufrages, aux balles des mousquets ou aux boulets anglais, soit, mais alors sans remonter jusqu’au XVIIème siècle, qu’ils pêchent au moins à l’aviron comme cela se pratiquait encore jusqu’en 1960, avec des filets en chanvre ou en coton et à la senne tournante.

La tradition ne peut pas tout justifier

Les filets maillant dérivants en nylon mono filaments invisibles et indétectables par les saumons, employés depuis trente ans sur l’Adour, ne sont pas plus patrimoniaux que culturels. Les traditions, remonteraient-elles à Colbert, ne peuvent aujourd’hui justifier le pillage d’une ressource qui si elle était gérée de façon éco responsable et équitable, permettrait non pas à une vingtaine en fait de marins pêcheurs, de vendre au marché noir le plus souvent (donc sans aucun bénéfice pour l’Etat), quelques tonnes de saumons sauvages (sans parler des truites de mer), mais à des milliers de commerçants, hôteliers, restaurateurs, propriétaires de campings ou de gîtes ruraux, de bénéficier des retombées touristiques d’une manne de salmonidés, dont on sait qu’elle représente une part très importante des revenus touristiques dans tous les pays de l’Atlantique Nord qui ont encore la chance d’avoir des remontées de saumons Atlantiques.

Pierre Affre (frère), association Salmo Tierra – Salva Tierra