X

Je me connecte

Email ou identifiant* Mot de passe* Je valide > Mot de passe oublié?

Je m'inscris

*Champs obligatoires

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent.
1. Mon Compte
2. Mes activités
3. Ma Newsletter
X

* Mentions obligatoires

Je souhaite recevoir la newsletter :

Pour ne rien rater de l’actualité autour du magazine : sortie d’un nouveau numéro, d’une nouvelle vidéo, d’un nouveau produit dans le magasin, annonce des soldes, des expositions etc. Il est facile de se désinscrire à tout moment via le lien de désinscription présent dans chacun de nos emails. Je m'enregistre
X

Mot de passe oublié ?

E-mail*

Nymphe : ne manquez pas l’aplomb

La principale cause de refus des nymphes artificielles par les poissons est due à un dragage plus ou moins important. Celui-ci a lieu à la descente de la nymphe mais également après sa remontée lors de l’animation. Contrairement à la dérive d’une mouche sèche, visible sur l’eau, avec les nymphes le dragage échappe à la vue du pêcheur. Comprendre ce phénomène est essentiel pour tenter d’y remédier.

Par Philippe Boisson

Qu’est-ce qui distingue un très bon pêcheur à la nymphe d’un moins “bon” ? A cette question que l’on me pose souvent, sans hésiter je réponds qu’il s’agit avant tout de la qualité des dérives naturelles qu’impose cette technique. Certes, il n’y a pas que cela. Le sens de l’eau, l’observation des éclosions, l’aptitude à pêcher fin, font aussi partie du bagage d’un pêcheur à la nymphe de bon niveau. Mais si celui-ci maîtrise mal ses dérives, les refus seront nombreux. La pêche à la nymphe, qu’elle soit pratiquée à vue ou en aveugle, implique toujours de gérer la profondeur. On voit les difficultés que l’on peut rencontrer avec les dérives lorsque l’on pêche à la mouche sèche où, pourtant, la profondeur n’intervient pas. Il faut donc prendre en compte qu’il faut gérer cette dimension supplémentaire lorsque l’on pêche à la nymphe. Tous nos petits malheurs proviennent du nylon qui relie la mouche au pêcheur par l’intermédiaire du bas de ligne. La qualité des modèles de mouches et des nymphes actuelles n’est pas en cause.
La plus réaliste des mouches sera refusée si elle drague, sur ou sous l’eau. Les truites et les ombres ont appris à se méfier de tout ce qui ne dérive pas naturellement. La plus infime retenue de la mouche éveille immédiatement la méfiance du poisson, qui pourra venir voir, parfois très près, mais restera gueule fermée. Il est amusant (frustrant à la longue j’en conviens) d’observer la réaction des truites qui refusent les nymphes. Lorsqu’elles ont le nez dessus, elles tournent soudain la tête de côté, comme un enfant qui refuse catégoriquement une cuillerée de soupe.


LA RECHERCHE DE LA VERTICALITÉ

Si l’on prend une colonne d’eau et que l’on laisse couler librement sans nylon une nymphe artificielle, on s’aperçoit que celle-ci peut tourner sur elle-même, mais globalement sa descente est parfaitement verticale. Mais si cette imitation se retrouve attachée à un filtrès fin, sa descente n’est plus verticale, mais s’effectue plus ou moins en biais. En action de pêche, elle se déplace bien évidemment en direction du pêcheur. C’est contre ce phénomène de pendule qu’il faut lutter à chaque lancer. Pour y parvenir, il n’existe pas de solution miraculeuse. Un long bas de ligne et surtout une très longue pointe permettent d’obtenir de bons résultats. Il est inconcevable de vouloir pêcher à la nymphe, de nos jours, avec une pointe dont la longueur est inférieure à 1,50 m, hormis en très petits cours d’eau peu profonds. Sur tous les autres cours d’eau, une pointe d’une longueur de canne (environ 2,70 m) est indispensable. Si l’on est un adepte du poser parachute, elle pourra même dépasser les trois mètres. Au final, on se retrouve avec un bas de ligne dont la longueur totale est comprise entre 6,50 et 7,50 mètres, qu’il faut apprendre à manipuler. Ces longueurs extrêmes sont propres à ce que l’on peut appeler, sans chauvinisme mal placé, l’école française, car je ne connais aucun autre pays où l’on utilise de tels bas de ligne. C’est à n’en pas douter pour cette raison que les meilleurs pêcheurs français réussissent si bien à l’étranger, où les poissons paraissent beaucoup plus faciles à prendre que sur nos cours d’eau à truites sauvages surpêchées. L’effort que nécessite la manipulation des longs bas de ligne mérite d’être consenti, tant les résultats sont appréciables par la suite.

POSER SON BAS DE LIGNE DÉTENDU, PLUS FACILE À DIRE QU’À FAIRE

Le poser du bas de ligne dit “détendu” fait aujourd’hui partie du langage courant du pêcheur à la mouche, pour toutes les techniques qui se pratiquent en dérive inerte (mouche sèche, émergente, nymphe). En pratique, c’est sur ce point que le pêcheur échoue. La perte de précision décourage celui qui découvre la pêche avec de longues pointes, alors que ceux qui y sont habitués peuvent poser leur mouche ou leur nymphe dans un mouchoir à 15 mètres. Signalons au passage que ce type de bas de ligne est fait pour pêcher entre 6 et 12 mètres, ce qui correspond aux conditions idéales de pêche. Au-delà de 15 mètres, même s’il reste possible de réaliser occasionnellement de beaux coups de longueur à plus de 20 mètres, les longs bas de ligne ne sont pas très adaptés à cet exercice. Il existe différentes techniques de lancer qui permettent d’obtenir des posers détendus, que nous décrivons régulièrement dans ces colonnes. Le plus simple à acquérir reste le poser dit parachute (appelé également poser en cloche). Après un lancer en coup droit classique, le dernier mouvement est amplifié pour amener la soie et le bas de ligne à plus de 45° avant de poser. Ainsi, l’ensemble se pose en “accordéon”. Ce mouvement doit être assez fortement exagéré pour accentuer son effet. On découvre alors qu’un bas de ligne de 6,50 mètres ne couvre plus, une fois posé sur l’eau, qu’une longueur équivalente à moins de la moitié. Il paraît ainsi beaucoup plus court ! Avec plusieurs années de pratique, l’expérience acquise autorise le pêcheur à la nymphe à explorer ainsi des couches d’eau de plus en plus profondes. On reconnaît les pêcheurs à la nymphe de haut niveau par leur propension à pouvoir pêcher dans plusieurs mètres d’eau avec des modèles petits et légers. C’est là tout l’art de cette pêche passionnante. Même après vingt années de pratique assidue, il est toujours possible d’améliorer ses dérives.

ANIMATION DES NYMPHES, L’IMPORTANCE DU RELÂCHÉ

Autre cause de refus, l’animation de la nymphe pour éveiller l’attention des truites et des ombres est également synonyme de dragage. Une grande partie des poissons pris à la nymphe le sont après une légère animation. Mais on peut aussi souligner qu’une grande partie des refus ont lieu juste après cette manoeuvre d’aguichage. En faisant remonter la nymphe de quelques centimètres, on est obligé de tendre légèrement le bas de ligne, ce qui engendre systématiquement un dragage si la pointe du bas de ligne n’est pas posée en accordéon à l’aplomb de la nymphe. C’est surtout au relâché que le poisson, tout d’abord attiré par ce leurre en mouvement, s’apercevra de la supercherie en voyant la nymphe redescendre en biais. C’est pour cette raison qu’il est toujours conseillé d’animer la nymphe très près du poisson, au dernier moment, pour ne pas lui laisser le temps d’analyser ce qui se passe. Car il faut bien rappeler que la truite ou l’ombre s’emparent de la nymphe après l’animation, et non pas pendant. Penser que le poisson va suivre longuement et prendre une nymphe qui remonte de façon saccadée est une erreur, même si parfois cela se produit (cas des juvéniles ou des poissons peu éduqués). Limiter l’ampleur de l’animation au strict minimum permet de limiter le dragage. Une remontée de 2 à 5 cm suffit dans la majorité des cas pour décider le poisson à prendre. Rappelons que l’animation a pour rôle d’imiter la nage d’une larve ou d’une nymphe naturelle. Une animation prématurée compte parmi les défauts classiques observés chez les pêcheurs à la nymphe. Pour ceuxqui n’ont jamais pris le temps d’observer la nage des larves d’éphémères, ou encore celle des gammares, je ne peux que le leur conseiller, car il s’agit ensuite de tenter de la reproduire. Mais ces petites bestioles sont libres et ne souffrent pas de l’entrave d’un fil de Nylon. D’où la nécessité de tenter la manoeuvre à “l’économie”. Les poissons perçoivent le moindre mouvement d’une chose qui ne suit pas strictement le sens du ou des courants. En animant trop fortement la nymphe, on éveille plus leur méfiance que leur simple curiosité. La pêche à la nymphe peut s’expliquer, s’apprendre par l’intermédiaire de professeurs compétents, mais elle sera toujours empirique pour celui qui la pratique. La multiplication des erreurs, ou des progrès réalisés, lancer après lancer, doit permettre d’affiner la technique au point de réagir vite et avec précision. Faire des fautes est quelque chose de normal, qu’il faut absolument avoir vécu pour progresser. Je ne connais aucun bon pêcheur à la nymphe qui n’ait pas pratiqué de façon soutenue durant plusieurs saisons. Si les débuts sont décourageants, chaque progrès est une victoire autant qu’un acquis indélébile. Cette difficulté fait partie du plaisir que l’on peut retirer de cette technique de pêche où la chance et le hasard n’ont que très peu de place. Alors courage !